Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

AC RU —

La conduite de Bourrienne, ministre plénipotentiaire à Hambourg, était loin d’être irréprochable. La croix de la Légion d'honneur était souvent demandée dans ses lettres. J'avais ordre de n’y pas répondre. Comme cette demande se renouvelait fréquemment, j'obtins de l'Empereur cette réponse : « Ecrivez-lui que, comme il sacrifie au veau d’or, il aura de l’argent, mais que, quant à la Légion d'honneur, je ne la donne qu’à ceux

que...» (Baron MENEvAL, Mémoires, t. I, p. 335.)

Le Capitaine BOURGOGNE

Nous avançâmes sur la route de Kalougha.

Nous fûmes obligés d'arrêter pour attendre la gauche de la colonne. Je profitai de cette circonstance pour faire une revue de mon sac (1) qui me semblait trop lourd, afin de voir s’il n’y avait rien à mettre de côté pour m'alléger; il était bien garni. J'avais plusieurs livres de sucre, du riz, un peu de biscuit, une demibouteille de liqueur, le costume d’une femme chinoise en étoffe de soie brodée d’or et d’argent; plusieurs objets de fantaisie en or et en argent; entre autres un morceau de la croix du grand Iwan, c’est-à-dire un morceau de l'enveloppe qui la recouvrait, était d'argent doré et m'avait été donné par un homme de la compagnie qui avait été commandée de corvée, avec d’autres hommes du même état (couvreurs et charpentiers) pour la détacher.

J'avais aussi mon grand uniforme; une grande capote de femme, servant à monter à cheval; cette capote était de couleur noisette et doublée en velours vert, et, comme je n'en connaissais pas l'usage, je me figurais que la femme qui l'avait portée avait plus de six pieds.

J'avais aussi deux tableaux en argent d’un pied de long sur huit pouces de hauteur, dont les personnages étaient en relief; lun de ces tableaux représentait le jugement de Pâris, sur le mont Ida; l’on y voyait Junon,

() L'auteur ne devint officier que quelques jours plus tard.