Livre d'or des officiers français de 1789 à 1815 : d'après leurs mémoires et souvenirs

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appuyer son vœu, qui fut exaucé; mais du moment où il sut que je rejoignais l’armée de la Gironde, il accourut chez moi et me dit qu’il avait à deux jours de Bordeaux deux chevaux de selle excellents, qu’il était heureux de pouvoir me les offrir, que je n’en trouverais pas de semblables, et qu’il me les laisserait pour 2,700 francs. Je les payai aussitôt; quand ils me rejoignirent à Bordeaux, il se trouva que. je n'avais que deux rosses qui ne valaient pas 800 francs à elles deux.

(Général Taésauzr, Mémoires, t. IL, p. 199, note.)

Le Lieutenant DROUVILLE

Un attroupement dissipé, il vint me faire son rapport, et, ce qui suflisait pour le faire juger, n'ayant trouvé dans le salon de Mme Ratton, la bru de mon hôte, il eut, en la présence de celle-ci et devant deux autres dames, l'indignité de tirer, comme preuve de ses prouesses, son sabre encore plein de sang. Eh bien, ce même homme qui, avec la troisième armée de Portugal, était retourné sur les bords du Tage et qui venait de rentrer en Espagne avec elle, la quitta bientôt et passa par Salamanque pour se rendre à Madrid.

Il y était à peine qu’il cutune querelle avec un des ofliciers de la garnison et sortit pour se battre; mais au lieu de suivre son adversaire jusqu'à l'endroit marqué pour le combat, il se laissa devancer par lui et l’assassina en le perçant par derrière avec son sabre. Informé de ce crime, j'ordonnai que ce Drouville fût de suite arrêté; tous les gendarmes furent mis à ses trousses; par malheur il avait eu le temps de charger son cheval de ses meilleurs effets, de l’enfourcher et de déserter; puis, pour finir d’une manière digne d'un brigand, en dépassant notre dernier factionnaire, il lui tira un coup de pistolet au moment où celui-ci lui portait les armes; il le blessa.

Ce scélérat, qui d’abord rejoignit don Julian, ensuite l’armée anglaise, passa plus tard en Russie et y devint colonel, tout comme d’autres le devinrent en France par des actions d'éclat.

(Général TaréBauLr. Mémoires, t. IV, p. 502.)