Lord Castlereagh et la politique extérieur de l'Angleterre de 1812 à 1822

CONFÉRENCE DE PARIS ET CONGRÈS D'AIX-LA-CHAPELLE. 127

alliés et de l’appui qu'ils accordaïent au ministère du duc de Richelieu, n’entrevoyait pas sans effroi le moment où la France se trouverait livrée à elle-même. Il s’efforça, par ses intrigues, de retarder le départ de l’armée d'occupation. C’est dans cette vue qu'il fit parvenir aux quatre grandes cours la fameuse note secrète dont la découverte et la publication jetèrent sur lui tant d’impopularité. Ce parti entretenait quelques relations avec la cour d'Autriche. Il y à lieu de croire que M. de Metternich, en se prêtant à ces communications équivoques avec les adhérens de Monsieur, se proposait surtout de les modérer et de les contenir; mais lord Castlereagh, qui en était informé, n’y voyait que des inconvéniens. « Je n’attends pas beaucoup de bien, écrivait-il, de la négociation secrète de Metternich à Paris, et je ne voudrais pas m'y mêler. Le moins qu'un ministre anglais peut avoir à faire avec la politique de Monsieur, c’est le mieux. »

Cependant les manœuvres des ultra-royalistes, favorisées par les symptômes d’une certaine agitation qui commençait à se manifester en France, n'avaient pas été absolument sans résultat. L’Autriche et la Prusse, inquiètes de ces symptômes, peu bienveillantes d’ailleurs pour le gouvernement du roi, peu empressées à lui rendre son indépendance et sa liberté d'action, inclinaient à prolonger l’occupation. Leurs hésitations durent céder à la volonté de l’empereur Alexandre, dont le bon vouloir éclata d'autant plus en cette circonstance qu’il n’était pas lui-même complétement rassuré sur les conséquences de la retraite des forces alliées. IL eût désiré que l’armée d'occupation, en quittant le territoire français, fût pendant quelque temps maintenue sur pied en Allemagne pour être prête à tout événement; mais cette combinaison, qui tendait en quelque sorte à remplacer l'occupation de la France par celle de l'Allemagne, ne pouvait convenir aux deux grandes cours germaniques. Il fallut y renoncer, et grâce à la patriotique insistance du duc de Richelieu, fortement appuyée auprès du monarque russe par son envoyé, M. Pozzo di Borgo, et par son secrétaire d’état, le comte Capodistrias, dont les tendances libérales balançaient alors avec avantage la politique autrichienne du comte de Nesselrode, grâce aussi aux bons offices du duc de Wellington, qui, dans tout le cours de cette grande affaire, se montra constamment favorable à la France, l'évacuation pure et simple du territoire français fut résolue. Déjà une convention, préparée aussi par l'influence de l'empereur Alexandre et conclue sous la bienveïllante médiation du duc de Wellington, venait de restreindre dans des limites fixes les répétitions pécuniaires que les sujets des puissances élevaient contre le gouvernement français en vertu du traité du 20 novembre, et qui menaçaient de prendre des propor-