Lord Castlereagh et la politique extérieur de l'Angleterre de 1812 à 1822

4128 CONFÉRENCE DE PARIS ET CONGRÈS D'AIX-LA-CHAPELLE,

tions auxquelles personne ne s'était d’abord attendu. Pour compléter la libération de la France, pour lui rendre son indépendance et la replacer au rang des puissances appelées à influer sur toutes les grandes affaires de l’Europe, il y avait quelques arrangemens à prendre, quelques formalités à accomplir. On pensa que c'était le cas de recourir à une de ces réunions de cabinets prévues par le traité que l’Angleterre, la Russie, l'Autriche et la Prusse avaient conclu le 20 novembre, le jour même de la signature du dernier traité de paix. Les deux empereurs et le roi de Prusse se rendirent donc à Aix-la-Chapelle dans le courant du mois de septembre 1818.

Alexandre amenait avec lui, pour prendre part aux conférences, MM. de Nesselrode et Capodistrias; M. de Metternich devait y représenter l’Autriche; le chancelier prussien prince de Hardenbérg était assisté du comte de Bernstorff, appelé tout récemment à la direction du département des affaires étrangères; lord Castlereagh et le duc de Wellington étaient munis des pouvoirs de l'Angleterre; enfin le duc de Richelieu se transporta aussi sur le théâtre où l’on allait décider du sort de la France, ou plutôt proclamer la décision déjà rendue. Pour empêcher que cette réunion n’excitât la jalousie et la défiance des autres états, encore peu habitués à voir les gouvernemens principaux s’ériger en une sorte d’oligarchie politique investie, pour ainsi dire, du droit de représenter l’Europe, on avait eu soin de leur faire expliquer qu’il ne s'agissait pas d’un congrès proprement dit, qu'on ne s’occuperait, suivant toute apparence, que d’une seule question, celle de l'évacuation de la France, et que dès lors les puissances qui n’avaient pas pris une part directe au traité de Paris n’avaient aucune raison de désirer prendre part aux délibérations.

Les conférences s’ouvrirent le 30 septembre 1818. Dès la troisième, qui eut lieu le 2 octobre, le principe de l'évacuation fut résolu à l'unanimité. Le 9, une convention fut signée entre les ministres des quatre cours et le duc de Richelieu. Elle portait que les troupes composant l’armée d'occupation quitteraient, le 30 novembre, le territoire français, et elle réglait avec beaucoup de détails la forme et les termes des paiemens que la France avait encore à faire aux alliés.

Le 4+ novembre, les plénipotentiaires de l’Autriche, de la GrandeBretagne, de la Prusse et de la Russie remirent au duc de Richelieu une note qui avait pour objet de constater les motifs et la portée de cette convention. Il y était dit que « l’état intérieur de la France, ayant été depuis longtemps le sujet des méditations des cabinets, et les plénipotentiaires réunis à Aix-la-Chapelle s'étant mutuellement communiqué les opinions qu’ils s’étaient formées à cet égard, les augustes souverains, après les avoir pesées dans leur sagesse, avaient