Louis XVI et la Révolution

Les.

LA COUR. 407

au roi, est vêtu, nous dit dom Courdemanche, « selon l'étiquette du jour : il portait un habit de velours bleu, dont toutes les boutonnières et tous les boutons étaient de diamants. Le Saint-Esprit, tant sur l’habit qu’au bas du cordon, était aussi de diamants; toute la monture et le nœud de l'épée également de diamants. Le collier de la Toison d’or était composé de diamants et autres pierres précieuses. Je n’avais pas assez de mes deux yeux, ajoute le pauvre moine, pour parcourir cette riche parure que le feu et les bougies rendaient encore plus éclatante ». Pour les femmes, le grand habit de cour est en brocart d’or, d'environ vingt-trois aunes, d’un poids énorme, et d’un prix à proportion. La coiffure seule est une ruine. Une élégante, qui en veut une nouvelle chaque jour, s’est abonnée au bon faiseur pour vingt-quatre mille livres. Les fortunes personnelles ne suffisant pas pour mener un pareil train, il faut quémander les grâces royales. Aussi entoure-t-on le roi, et surtout la reine, avec une ardeur que Molière, dans sa Mélicerte, comparait à la voracité gourmande des abeilles se jetant sur des sucreries :

Et l’on dirait d’un tas de mouches reluisantes, Qui suivent en tous lieux un doux rayon de miel.

Les favoris de Marie-Antoinette sont les mieux partagés. En somme, nous l’avons vu, les amitiés de la reine coûtent à la France environ neuf cent mille livres par an, sans compter les grosses sommes données de temps en temps. Le public trouve que c’est cher, d’autant qu’il n'entend parler de tout cela que d’une façon vague, par conséquent exagérée. Ceux qui crient le plus haut, ceux qui se croient le plus directement volés, ce sont les courtisans, qui voient restreindre d’autant leur part du rayon de miel. « Toutes les familles les plus méritantes, écrit Mercy, se récrient contre le tort qu’elles éprouvent par une telle dispensation des grâces, et si l’on en voit encore