Louis XVI et la Révolution

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112 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

incontestables qualités de Louis XVI, et jetant son respect comme un voile sur ses défauts : il n’en est rien. On manque d’égards pour la majesté royale dans son entourage même. Le comte d'Artois, en publie, traite fort cavalièrement son roi, et Monsieur abuse également de la bonhomie de Louis XVI, « même avec indécence », dit Mercy. Un pareil sans-gène met les courtisans à l’aise. Ils ne respectent même pas la fidélité conjugale du roi, et essayent de lui donner des maïtresses. Si la longue tradition de la cour de France sur ce point est une circonstance atténuante, presque une excuse, comment qualifier la conduite des amis du cardinal de Rohan, qui ont l’audace de répandre dans le public, en guise de vengeance, les louis dont il a été déjà question? « On sait, en effet, dit le comte d'Hézecques, que leur sotte méchanceté fit sortir de l'Hôtel des Monnaies de Strasbourg, en 1788, des louis d’or où l'effigie du monarque avait au front une petite protubérance qui semblait vouloir assimiler le roi aux maris trompés. » Comment surtout expliquer, chez des gens qui vivaient de privilèges, que seul le régime despotique pouvait leur garantir, l’aberration qui consiste à fronder le pouvoir absolu? La duchesse de Bourbon est très démocrate. De plus, elle est mal vue en haut lieu, depuis son algarade avec le comte d'Artois. Un esprit d’hostilité pousse la noblesse à prendre le contre-pied des sentiments du roi et de ses frères : « Quoique Me la duchesse de Bourbon ne füt pas aimée, dit Besenval, être en opposition avec la famille royale fut cause que tout le monde se déclara pour elle. » La plus haute noblesse crie à l’oppression, à la tyrannie, lorsque, fort sagement, le roi interdit le Mariage de Figaro. Sous l’asservissement officiel, sous la dépendance où les tiennent leurs charges, couve chez les grands un obseur instinct de rébellion, que vont exaspérer les réformes. Les plus hardis se fâchent tout haut : le duc de Coigny fait une véritable scène au roi et s’emporte. Après la première séance des notables, il règne dans Versailles un