Louis XVI et la Révolution

130 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

plaidé la cause de trois innocents, ces vers qui contiennent une grande part de vérité :

Le premier sénat de France, Si fier et si vil à la fois, Bien plus barbare encor que nos barbares lois, Combattant aujourd’hui pour la vieille ignorance, Ya donc armer contre ta voix Sa frénétique intolérance? Il manquait à sa honte un dernier déshonneur, Il manquait cette gloire à ta sainte éloquence; Ils ont su sans remords égorger l’innocence, Ils devaient sans remords frapper son défenseur.

Si ces parlements se liguent contre les réformes de Calonne, ministre dépensier, ils s'opposent tout aussi bien à celles de Turgot, ministre économe. Ils sont les ennemis de Necker, dont ils se défient. Leur résistance à l’édit en faveur des protestants permet aux esprits clairvoyants de reconnaître tout l’'égoïsme de leur opposition.

Pourtant la popularité des parlements est réelle. L'affaire de la Journée des tuiles suffirait seule à le prouver. L'opinion publique considère la magistrature comme son plus éloquent

interprète. De vrai, c’est le seul corps qui, peu importe pour

quelle raison, résiste en face au pouvoir absolu, et défende encore la liberté générale. De son côté, le parlement entre en coquetterie avec l'opinion. Il a un public, trois ou quatre mille personnes qui se pressent dans les salles du Palais, acclamant les arrêtés séditieux, applaudissant les conseillers à leur sortie. C'est lui qui se vante d’avoir réveillé l'opinion publique de sa torpeur, et d’avoir réclamé le plus haut les états généraux. Déjà, le 18 février 1771, la cour des aides les avait formellement demandés à Louis XV, ainsi que le parlement de Rouen. L

La présence même du roi ne peut plus en imposer aux