Louis XVI et la Révolution

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conserve, faute d'autre; elle l’abandonnera sans pitié, sitôt qu'il sera devenu inutile; on sera vite alors. de l'avis de Mably, qui, dans la conclusion de ses Observations sur l'Histoire de France, prononce un irréfutable réquisitoire contre l’inutilité politique des parlements. Les variations brusques de la popularité de d'Eprémesnil, acclamé, hué, baptisé l’aristocrâne, enfin assommé par la foule, sont l'image des changements rapides de l'opinion sur les parlements, la robinocratie, comme on dira bientôt. C’est le duc de Gaëte qui raconte dans ses Mémoires cette anecdote dramatique et instructive : Duval d'Eprémesnil est à moitié écharpé, le maire arrive; Duval d'Eprémesnil lui dit d’une voix mourante : « Et moi aussi, Pétion, je fus l’idole du peuple! » Le Parlement lui aussi avait été l’idole du peuple, et trop longtemps. Dès juillet 1789, de bons esprits, des témoins impartiaux réclamaient sa suppression. Gouverneur Morris écrit dans son journal que la meilleure façon d’arranger les affaires « c'est de supprimer les parlements; je crois cette mesure nécessaire à l'établissement de la liberté, de la justice et de l’ordre. » La moralité de toutes ces affaires est tirée par Marie-Antoinette elle-même : « La noblesse et le clergé ont bien des torts envers nous; ils nous ont abandonnés, ainsi que les parlements. »

L'opinion publique, du reste, avait trouvé d'assez bonne heure un meilleur asile que le Palais : elle s'était emparée du théâtre, sorte de tribune, d'où l’auteur harangue les spectateurs : ceux-ci se passionnent pour des pièces qui nous paraissent quelquefois faibles, mais qui intéressent à ce moment-là par des allusions, des aphorismes politiques, comme ceux qui fourmillent dans le répertoire de Voltaire; ils font même leur apparition dans les drames de Shakespeare adaptés au goût du jour par Ducis. Les comédies de Beaumarchais produisent comme des secousses électriques qui parcourent le public, éclairs de chaleur, en attendant la foudre. La première