Louis XVI et la Révolution

L'OPPOSITION. 135

pièce que l’empereur voit en mettant les pieds en France, c'est le Barbier de Séville, « cette première pierre de l'édifice élevé contre nous par Beaumarchais », écrit la baronne d'Oberkirch. La première pièce qu’on lit au comte et à la comtesse du Nord, à leur arrivée en France, c’est le Mariage de Figaro. A défaut d’une pièce à succès comme celles-là, l'opposition tire parti même des œuvres les plus médiocres. Paris, écrit

Mr: de Staël à Gustave III, le 11 novembre 1786, Paris, « par.

esprit républicain, applaudit ordinairement ce qui est tombé à Fontainebleau.» Les applications des pièces connues varientavec les incidents du jour. Il faut lire, dans la Correspondance littéraire, la façon dont le public applique à la disgrâce de Necker, en 1781, la Partie de chasse de Henri IV: « J'ai vu souvent au spectacle, à Paris, des allusions saisies avec beaucoup de finesse; mais je n’en ai point vu qui l'aient été avec un intérêt aussi sensible, aussi général ; chaque applaudissement semblait pour ainsi dire porter un caractère particulier, une nuance propre du sentiment dont on était pénétré; c'était tour à tour celui des regrets et de la tristesse, de la recon-

naissance et du respect, et tous ces mouvements étaient si

vrais, si justes, si bien marqués, que la parole même n'aurait pu leur donner une expression plus vive et plus intéressante. Avec quel éclat on applaudit le duc de Bellegarde, lorsqu'il répond aux officiers qui osaient calomnier le ministre qu’ils croyaient disgracié : Parlez avec respect d'un si grand ministre! avec quelle émotion, lorsqu'il confond les bruits qu'on avait répandus sur sa démission, en disant : Je viens de le voir entrer au conseil. Avec quel morne silence on laisse passer ce trait toujours applaudi dans la bouche de Sully : Sire, avec tout autre prince qu'avec vous, je me serais cru perdu! Que de larmes mêlées aux applaudissements redoubiés qui furent donnés à ce mot si vrai de Henri IV, après l'explication du billet : Les cruélles gens! comme ils n’ont trompé! » Au besoin encore on se contentera d’une vieille tragédie, la plus royaliste