Louis XVI et la Révolution

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138 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

innocent ouvrage en un pamphlet. Un simple almanach, les Étrennes nationales, pour quelques calculs financiers, est cartonné, sur l’ordre de la police; mais il y en avait déjà vingt mille exemplaires répandus dans le public; l’édition originale, qui coûtait huit sous, prix fort, se vend six livres. On peut juger par là le succès et l'influence des innombrables pamphlets qui précédèrent la rédaction des cahiers de doléances, véritables petits brülots incendiaires, dont quelquesuns ont surnagé. Il faut citer pour mémoire, le pamphlet du comte d’Antraigues, Mémoire sur les états généraux, qui eut son heure de célébrité; mais ce ne fut qu'une boutade, que son auteur regretta vite et désavoua. Il ne faut pas oublier non plus le Mémoire pour le peuple francais, par Cerutti. L’abbé Sieyès s’en est servi, et le cite plus d’une fois dans sa célèbre brochure : Qw’est-ce que le tiers état?

Le marquis de Bouillé, dans ses Mémoires, donne à l’œuvre de Sieyès une genèse curieuse et vraie, quoique peu vraisemblable : « Le cardinal de Loménie fit rendre par le roi une déclaration qui invitait les gens de lettres à proposer au gouvernement les moyens et le mode le meilleur pour former les états généraux du royaume. C’est alors que l’abbé Sieyès fit cet ouvrage. » Quoi qu'il en soit, et en prenant le livre tel qu’il est, on peut en négliger toute la partie constructive, tous les projets plus ou moins chimériques qui montrent que, suivant sa propre distinction, Sieyès pense et pensera toujours plutôt en philosophe qu’en administrateur. Ce ne fut pas, du reste, comme le remarque le savant éditeur de la brochure, M. Edme Champion, ce ne fut pas le développement sur les mesures à prendre qui eut le plus de succès. Il y a d’abord une excellente idée sur les mesures à ne pas prendre. Sieyès est loin de prècher l’adoration de la constitution anglaise; ce n’est pas un anglomane, et c’est une preuve d'indépendance d'esprit rare à cette époque. Mais surtout, ce qui alla au cœur des Français, ce qui correspondait à leurs désirs encore obscurs