Louis XVI et la Révolution

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140 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

livré au despotisme, elles ont produit à peu près le même effet que des troupes légères dans une campagne : simples escarmouches, combats d'avant-garde même si l’on veut. Elles peuvent inquiéter l'opinion, mais pour entamer l’armée des privilégiés, pour décider ia victoire, il fallait les grands écrivains, les gros ouvrages qui ne donnent pas un moment d’agitation fébrile à quelques exaltés, mais qui préparent lentement et sûrement l'esprit public. Sans compter les précurseurs, comme Voltaire et Rousseau, le règne de Louis XVI a spécialement ses deux grands publicistes, Raynal et Mably. Des deux, le premier peut jusqu’à un certain point être négligé, d'autant qu'il n’a pas su se maintenir à la hauteur des événements qu'il avait en partie provoqués : il a renié son passé, en méconnaissant le présent qui en était sorti. Mably, de plus, appartient davantage à cette étude, ayant eu l'honneur d'être persécuté directement par Louis XVI : « On attendait, dit l’auteur de la Correspondance secrète, le grand ouvrage de M. de Mably sur l’histoire de France. Le roi a écrit entièrement de sa main une lettre à ce sujet à M. de Villedeuil : « Je sais qu'il s’est introduit dans mon royaume un ouvrage incendiaire et dangereux. Je vous ordonne d'en arrêter la publicité par toutes les voies possibles. »

Dans l’œuvre considérable de l’abbé Mably, nul livre n’a eu plus de retentissement et ne méritait plus d’en avoir que son traité De l'étude de l'histoire. Écrit vers 1767, publié clandestinement dans les premières années du règne de Louis XVI, cet ouvrage est de premier mérite; il est digne, pour la grandeur des idées, d’être comparé au Discours sur l’histoire universelle ; d’une valeur artistique inférieure, il dépasse l’œuvre de Bossuet de toute la supériorité des livres d’avenir sur les codes du passé. Écrit spécialement pour le prince de Parme, mais destiné probablement par l’auteur à l'instruction d’un autre petit-fils de Louis XV, ce livre contient de grandes et de terribles lecons, et mériterait de porter comme épigraphe :