Louis XVI et la Révolution

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142 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

grands hommes de Plutarque : « Mais, ajoute Mably, je vous en avertis, monseigneur, que ce ne soit pas un prince.» Car, là où les rois sont héréditaires, on est exposé à voir « sur le trône un homme à peine capable de remplir un emploi obseur ». Le prince doit s’instruire, ear le roi ignorant, « réduit à la condition d’un automate, ne sera que l'organe ridicule de ses ministres ». Ce mot convenait déjà fort bien à Louis XVI; voici pourtant un conseil plus topique encore : « Pour une réforme, gardez-vous d’employer la ruse et l'adresse, vous ne calmeriez les esprits que pour un instant ; après avoir été la dupe d’un mensonge, on refuserait de se fier à la vérité, et le mal deviendrait incurable. »

Des différentes forces de l'État susceptibles d’aider le roi dans ses réformes, Mably néglige la noblesse, qui ne s'emploie qu'à pervertir le roi. Il repousse le clergé, qu’il trouve trop soucieux de ses intérêts temporels. En Suède, dit l'abbé, « le clergé, autrefois tyran, a appris des lois politiques ce qu'il lisait inutilement dans l'Évangile, que son royaume n’est point de ce monde ». Mably condamne également le parlement, mauvais comme corps politique. Le peuple enfin lui-même, tel qu'il est à ce moment, ne lui paraît pas encore capable de s'intéresser efficacement à la chose publique : « Dans un État où un despote possède toute la puissance publique, les sujets esclaves n’ont ni patrie ni amour du bien public. Les mœurs publiques sont nécessairement mauvaises. » Ce qu'il dit du despotisme s'applique expressément d’après lui aux monarchies absolues comme la France d'alors.

En conséquence, le prince doit d’abord se rendre compte de la misère de ses sujets, et, pour cela, descendre de son trône, entrer dans les chaumières, et constater par lui-même que l'abondance de sa cour affame ses paysans. Le pays est malade : à qui demander un remède? Aux Anglais, comme le voudront trop d’anglomanes à la Constituante? Mably n'est pas de cette école de médecins timorés qui dans une maladie