Louis XVI et la Révolution

L'OPPOSITION. 143

aiguë comme celle qui frappait le pays, ne conseillaient qu'un régime hygiénique, ces praticiens craintifs qui prescrivaient les anodins à la France, qui ne souhaitaient pour elle, comme amélioration idéale, que la constitution anglaise. Ce qu'il faut, c'est une révolution, révolution sans laquelle les mœurs publiques ne peuvent s'améliorer, sans laquelle le peuple ne peut prendre conscience de sa dignité, et traiter avec les ci-devant privilégiés d’égal à égal : « Quel peuple s’est corrigé de ses vices, si une heureuse révolution n'a commencé par lui donner le goût de l’égalité, et par abroger les lois injustes et partiales auxquelles il obéissait? » Chose curieuse, Mably trace à grands traits l’his- LE TEMPS PRÉSENT

toire de la Révolu- veut que chacun supporte le grand fardeau. tion, telle qu’elle se

produira vingt ans plus tard, non par une sorte de divination, mais par une harmonie préétablie entre la logique de son esprit et la logique des faits. Il annonce un roi qui consentira à restreindre son pouvoir, à augmenter la liberté de ses sujets; des nobles, « qui oseront avouer qu'ils ne sont qu’une partie de la société, à laquelle ils sont d'autant plus redevables qu'elle les honore davantage. » 11 faudra au peuple une milice nationale, pour lutter contre l’armée mercenaire du roi, contre le