Louis XVI et la Révolution

16 LOUIS XVI ET LA RÉVOLUTION.

insuffisance dans les entretiens est si complète que Besenval, généralisant son cas, prétend qu'il n’y a pas de conversation possible avec les souverains.

Louis XVI était pourtant quelquefois amusant, mais à ses dépens. Au témoignage d'une bonne royaliste, la baronne d'Oberkirch, il demanda un jour de combien de membres se composait le Conseil des Dix. Il est à regretter que ses conversations n'aient pas été recueillies. Heureusement nous avons une partie de sa correspondance, où l’on retrouve toute pesante encore la lourdeur de son esprit. À voir l'impression qu'elle cause actuellement, on peut se demander quel effet devaient produire sur Marie-Thérèse des billets comme celui-ci : «Je me porte à merveille depuis mon inoculation, sauf une dent qui me tourmente depuis quelques jours. J'espère que cela passera bientôt. » Une autre fois, au bas d’une lettre de MarieAntoinette, le roi écrit ce candide post-seriptum : « Je vous assure aussi avec ma femme, ma chère maman, que je suis très bien rétabli de mon inoculation et que j'ai très peu souffert. Je vous demanderais la permission de vous embrasser, si mon visage était plus propre. » Même dans les lettres d’affaires, où nous lui reconnaissions une certaine clairvoyance de bon sens, son esprit s’embrouille, sitôt que la situation devient sombre. En temps calme, il s'occupe de minuties, qu'il traite sérieusement. Mercy le juge en deux mots : il le trouve d'une exactitude méthodique dans toutes ses occupations, mais manquant d'idées générales. Et pourtant Mercy ne connaissait pas le Journal de Louis XVI! Le journal de Dangeau est un chef-d'œuvre d’éloquence et de passion, auprès de cette espèce de calendrier où, en regard de chaque jour du mois, pendant près de vingt-six ans, Louis XVI à noté les événements mémorables de sa vie. Dauphin, il tient un compte exact de ses indigestions, de ses fluxions et de ses purges. Un fait littéraire a pourtant excité sa curiosité : «1767, dimanche 9 août : Vu sur la terrasse un homme qui faisait des vers à