Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

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rapproché jadis, par ses fonctions de médecin des gardes du comte d'Artois, des plus grands seigneurs de la cour, avait-il voulu, lui aussi, se fabriquer une généalogie (1)? Auraït-il acheté le cachet tout gravé, ou l’avait-il commandé pour son usage personnel (2)? Il semble, en tout cas, certain qu'il s’en était servi, en maintes circonstances; puisqu'outre le billet à Desmoulins, on a retrouvé deux autres lettres, sans enveloppe, selon la coutume du temps, et fermées par un cachet de cire d'Espagne, timbré d'un écusson surmonté d’une couronne comtale (3).

On peut ajouter que, soit par hasard, soit intentionnellement, les armoiries de Marat se composent d’une partie de celles de Genève.

Voulait-il donner crédit à la croyance populaire, qui le faisait natif de cette ville, en lui prenant un morceau de son blason ? (4).

Toutes ces suppositions offrent une vraisemblance qui mériterait examen.

(1) L'hypothèse est peu probable ; Marat n'étant plus, à cette époque, au service du comte d'Artois.

(2) Après diverses vicissitudes, le bois gravé de ce cachet tomba entre les mains de M. Geslin, conservateur au Louvre. C’est à la vente de cet amateur qu'un brocanteur du quai de l’Archevêché l’acheta pour le revendre, quelque temps plus tard, à M. Brichaut, ingénieur civil, qui doit le posséder à l'heure actuelle,

(3) V. Autour de la Révolution, par le comte d'Hérisson, p. 106-108.

(4) Bachelin, Zconographie de Marat, p. 11.