Marat inconnu : l' homme privé, le médecin, le savant : d'après des documents nouveaux et inédits

66 MARAT INCONNU

C’est l’époque où il s’inquiétait, dans les expériences qu'il poursuivait avec ardeur au laboratoire, de chercher un remède héroïque contre la plus pénible et la plus cruelle des maladies; nous voulons désigner la phtisie qui semble défier, à l'heure actuelle, les efforts impuissants de la science.

En combinant, dans d'heureuses proportions, des drogues diverses, Marat avait composé un spécifique, qui devait lui procurer un vrai triomphe de praticien.

Grâce à de puissantes relations, facilitées par la situation qu'il occupait dans la maison du frère du roi, Marat avait été présenté à la marquise de Laubespine, nièce de l’un des plus illustres ministres dela Monarchie des Bourbons. M"° de Laubespine, femme dont la délicatesse d'esprit s’alliait avec une parfaite distinction des manières, était atteinte depuis longtemps d'une affection qui ne laissait qu'un bien faible espoir à son entourage.

Condamnée par Bouvard, un des médecins les plus éclairés de son temps, qui avait assuré « qu’ellene passeraitpas vingt-quatre heures,» (1) elle avait consenti à se confier au docteur Marat qu’on lui avait annoncé comme un médecin instruit, audacieux, capable, en un mot, de

(1) Gazette de santé, VT11, 173,