Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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FERSEN ET BARNAVE 15

monde que ce soit, soyez sûre, ma chère Sophie, que je penserai constamment à vous et vous aimerai, vous chérirai comme ma meilleure amie... »

Il est embarqué à bord du Jason, mais le départest retardé, car il écrit encore le 27 avril :

À bord du Jason, dans la rade de Brest, ce 27 avril 1780.

« Je crois vous avoir déjà accusé réception, ma chère amie, de votre lettre du 24 mars, mais je ne saurais jamais assez vous répéter tout le plaisir ‘qu’elle m'a fait. Il se renouvelle toutes les fois et devient plus vif chaque fois. La seule peine que je ressens en partant, c'est que je vais êlre privé de toute nouvelle pour longtemps. Aimez-moi seulement, et pensez à un frère qui vous aimera tendrement toute sa vie. l

» Je n'ai pas de nouvelles à vous donner. Nous sommes toujours à bord et il nous est défendu d'aller à terre, à moins que ce ne soit pour affaires urgentes. Vous sentez bien que tout le monde en a ou s’en fait. J'en ai assez souvent. J'aime aller à terre et le séjour du vaisseau sera assez long comme cela. J'y suis cependant en bonne compagnie, et le capitaine est un homme fort aimable, gai et complaisant. Il m'a donné une cabine que j'ai fait arranger et où je me retire pour lire, écrire et travailler. J'y suis presque toute la journée et ne me trouve nulle part