Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

FERSEN ET BARNAVE 17

Depuis que nous sommes arrivés dans ce port, nous n’en sommes plus sortis, et Dieu sait quand nous le quitterons. Jusqu'à présent, nous avons été bloqués par une escadre anglaise de vingt voiles, mais depuis ce matin nous ne les voyons plus.

» J'ai été avec mon général faire un petit voyage de deux jours dans le continent. 11 me traite avec bonté et je lui suis fort attaché. Je suis fort bien avec mes camarades et tout le monde me fait politesse ; quel-

‘ques-üuns ont de l'amitié pour moi et je suis fort heureux. Il ne me manque que le plaisir de vous voir et de vous embrasser.

» Je vous ai déjà parlé de la beauté de l'ile où nous sommes ; le climat en est fort sain, nous avons eu quinze jours de chaleur, mais nous avons à présent le plus beau temps du monde. Les gens de Newport sont polis et honnêtes. Je n'ai pas le temps de faire beaucoup de connaissances ; je vais dans deux ou trois maisons où l’on me voit avec plaisir et où je m'amuse et me délasse des occupations de la journée. Dans l’une, celle de Mrs. Hunter, il y a une jolie fille de dix-huit ans, gaie, aimable, spirituelle, qui touche du clavecin et chante parfaitement. Je lui apprends le français. »

Newport, 14 septembre 11780.

«Je ne puis vous écrire que quelques mots, ma chère amie; c'est peu de si loin, mais mieux vaut