Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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peu que rien. Je suis content quand j'ai seulement le temps de vous dire combien je vous aime. Mon père vous dira les nouvelles que je lui mande, elles ne sont pas bonnes‘. Nous sommes toujours très tranquilles ici. Nous ne faisons rien. Nous nous amusons parfois, nous nous ennuyons souvent. Je me suis fait une petite société choisie entre les hommes qui composent l’armée ; elle n’est pas nombreuse, elle est d'autant plus agréable. Nous ne sommes que trois, mais nous nous convenons fort bien : c’est le duc de Lauzun, Sheldon, un Anglais, qui est au service de France et colonel à la suite des hussards, et moi. Nous sommes ensemble autant que notre service nous le permet. Nous passons nos soirées depuis huit heures jusqu'à minuit chez Mrs. Hunter, celle dont je vous ai parlé, qui a une jolie fille. Lauzun, qui est l’ainé et le plus raisonnable de notre triumvirat, se retire le plus tôt; Sheldon et moi, nous poussons plus avant dans la nuit à faire de la musique. Ces soirées sont fort agréables.

» Adieu, il faut bien que je finisse ; on attend ma lettre. Affectueux souvenirs d’un frère qui vous aime. Mille amitiés à Hedda et à Fabian?, ün baiser au petit Chique* et une poignée de main à Piper. »

1. Voir la lettre de la même date au feld-maréchal Fersen, Klinckowstrôm, Le comte de Fersen et la Cour de France.

2. Une autre sœur et son frère.

3. Le fils de Sophie Piper, son mari.