Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

FERSEN ET BARNAVE 287

geux pour le gouvernement; il rendra au Roi toute la confiance qui lui est due et rabaissera le parti qui lui est contraire. Il fera cesser les inquiétudes qui sont le plus grand obstacle au rétablissement de l’ordre. La nation, uniquement occupée de son malêtre intérieur, sentira la nécessité de donner au gouvernement la force nécessaire pour assurer la tranquillité publique et faire marcher l’administration. La disposition du peuple est bonne, mais il est nécessaire de la cultiver. La Reine fait très bien de paraitre souvent en public et aussi de s’occuper à faire des charités. La saison en est une occasion naturelle. C'est plus qu’une bonne politique. La conversation de lundi nous a laissé une très bonne impression, quoiqu’on ait trouvé que sur quelques points il n’y avait pas assez de confiance. »

Marie-Antoinette commençait-elle, en effet, à perdre confiance en ses conseillers. Avait-elle compris que leur rôle était fini, leur impuissance réelle, malgré la persistance de leur foi dans le triomphe final de leurs idées et de leur parti, que les républicains gagnaient tout le terrain que perdaient les constitutionnels? On le croirait à en juger par ce qu’elle confiait un peu plus tard à Fersen à son arrivée à Paris.

« La Reine me dit, note Fersen alors dans son journal, qu’elle voyait encore Lameth et Duport!

1. Barnave venait de partir pour Grenoble.