Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

FERSEN ET BARNAVE 297

« … Le Roi et l'Impératrice! insistent toujours sur une nouvelle fuite et je vous apporte un mémoire làdessus et des lettres du Roi. Son projet est qu'elle s'exécute par mer et avec l’aide des Anglais. Il ne devrait y avoir que deux seules personnes dans la confidence. Je vous parlerai de nouvelles preuves sur la conduite de l'Empereur. On dit la reine de Portugal fort bien disposée. Elle a beaucoup d'argent et on dit qu’elle en donnerait. Je crois qu'il serait bon de lui écrire. Cela la déciderait. Je fais tous mes arrangements pour arriver à Paris le 3 février à 6 heures du soir ?.»

Mais la Reine craint de le voir arriver à Paris. Il serait sûrement reconnu. Sa présence seule fera croire à une nouvelle tentative de fuite. Le Roi et la Reine seraient gravement compromis vis-à-vis de l Assemblée et du peuple. Lui-même, Fersen, s’exposerait à de grands dangers. Elle a peur pour sa vie.

Mais Fersen insiste. Il s’entourera de toutes les précautions. Il part en courrier du roi de Suède envoyé au Portugal et ne faisant que traverser la France. Il se rendra absolument méconnaissable.

Enfin il note dans son journal le 28 janvier :

« La Reine a enfin consenti à ce que j'aille à Paris. » Mais le lendemain il ajoute : « Lettre de la Reine qui me prie de différer mon voyage jusqu'à ce

1. Gustave III et Catherine II.

2. Klinckowstrôm, Fersen et la Cour de France, II, p. 145.

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