Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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fonde mélancolie et d’un complet découragement :

« Quel espace immense franchi dans ces trois années ! Nous avons remué la terre bien profond ; nous avons trouvé un sol fécond. Mais combien en est-il sorti d’exhalaisons corrompues. Rentré dans mes pénates, je me demande s’il n’eût pas autant valu ne jamais les avoir quittées. »

En attendant la situation du Roi et de la Reine à Paris devenait de plus en plus critique. La guerre avec l'Autriche et la Prusse était imminente ; la croisade qui se formait contre la France n’était plus l’objet d’un doute. Malgré la déclaration de Louis XVI à l’Assemblée se solidarisant avec le pays dans l’indignation que soulevait cette menace d’invasion et les mesures concertées pour la repousser, l’agitation populaire, l’irritation contre la Reine, les méfiances contre le Roi augmentaient de jour en jour.

Les inquiétudes de Fersen, qui de Bruxelles suivait les progrès de ce mouvement, devenaient angoissantes. À son avis une nouvelle évasion était désormais le seul et unique moyen de sauver la vie de Louis XVI et sa famille. Le roi de Suède, avec lequel il correspondait activement à ce sujet, était aussi de cet avis. Il lui ordonna de retourner à Paris et de tout mettre à l’œuvre pour faire évader le Roi, la Reine et leurs enfants.

Fersen écrit à Marie-Antoinette le 24 janvier 1792 :