Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

FERSEN ET BARNAVE 299

avons un passeport de courrier pour le Portugal sous des noms supposés. »

Il arrive à Paris le 13 février et pénètre aux Tuileries tard le soir. Il voit la Reine seule, le Roi étant déjà couché. Le lendemain il y retourne et voit le Roi. Il inscrit dans son journal :

Mardi, 14 février.

« Vu le Roi à 6 heures du soir. Il ne veut pas partir; la surveillance est extrème, mais, dans le vrai, j'ai compris qu'il s’en fait un scrupule, ayant si souvent promis de rester, car c’estun honnête homme. »

A son retour de Varennes Louis XVI a promis de ne plus chercher à fuir. Il tiendra cette promesse. Il dit à Fersen d’un ton de simple résignation : « Je veux qu'on m’abandonne à mon sort ; quon me laisse agir ainsi que je juge à propos. » Il veut rester fidèle à la constitution qu’il a jurée; il s’y maintiendra jusqu’au bout. Marie-Antoinette repousse avec hauteur toute idée de fuir avec ses enfants sans lui. Elle veut aussi être fidèle à son devoir jusqu’au bout.

Pour mieux donner le change et dérouter tout soupçon, Fersen sort de Paris et prend la route de Bordeaux, comme s’il poursuivait son chemin en courrier allant au Portugal. Mais, arrivé à Tours, il rebrousse chemin sous un nouveau déguisement et