Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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à elle, de courts billets, écrits le plus souvent à l'encre sympathique, dans lesquels elle s'efforce de représenter sa situation sous des couleurs aussi rassurantes que possible.

« La nation, dit-elle, a trop besoin du Roi et de son fils pour qu'ils aient rien à craindre. Quant à moi je ne crains rien, et j'aime mieux courir tous les dangers que de supporter les humiliations dont on nous abreuve. »

Un peu tranquillisé, Fersen écrit à sa sœur le 9 juin :

« Toutes les nouvelle sont bonnes, puissent-elles continuer à l'être. Les augustes prisonniers sont en sûreté et jusqu’à présent il n’y a ni motion, ni mouvement contre eux. Cela me donne un peu d'espoir de les voir un jour délivrés de leur longue captivité. Si je puis jamais jouir de ce spectacle, quel moment pour mon cœur. Je sais qu'ils se portent bien, excepté la petite Madame qui est dans un mauvais état de santé... »

Il se bercait de ces illusions encore le 9 juin. Dix jours après, c’est la journée du 20 juin. La foule envahit les Tuileries; le Roi et la Reine sont outragés, leur vie menacée.

Le 21 juin la Reine écrit à Fersen :

« Ne vous tourmentez pas trop sur mon compte. Croyez que le courage impose toujours. Le parti que nous venons de prendre nous laissera je l’espère le