Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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aurait tout osé pour lui venir en aide. Mais il n’est plus et ce dernier espoir est mort avec lui. Adieu, ma chère Sophie. Priez Dieu pour elle et plaignez votre malheureux frère. »

Mais cette demande de Fersen d’un retour à la politique de Gustave III et à l'alliance de la Suède avec la Russie pour venir en aide à la monarchie et sauver la Reine en France, ne fut pas agréée par le régent. Le duc de Sudermanie se laissait, au coniraire, convaincre par son puissant ministre Reuterholm et son ambassadeur à Paris, de Staël, de la nécessité de se rapprocher de la France nouvelle. La Suède gagnerait beaucoup à être la première à reconnaître la République et à renouveler son ancienne alliance avec la France malgré les changements qu'y avait introduits la Révolution. M. de Staël faisait en outre espérer au régent que Danton, pour obtenir la conclusion de ce traité, accorderait à la Suède, première alliée de la France républicaine, la vie de la Reine et de ses enfants.

Le régent chercha dès lors à faire rentrer Fersen en Suède, ou bien à lui faire accepter un poste diplomatique à Londres, pour l’éloigner du champ d’action des alliés. Fersen ne désespérait pas encore d'empêcher ce revirement de la politique suédoise. Il agissait d'accord avec le baron Taube qui menaçait de quitter le ministère des Affaires étrangères pour ne pas avoir à l’endosser. Fersen priait sa sœur