Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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d'agir auprès de la duchesse de Sudermanie pour empêcher au moins son rappel :

«… Taube vous dira ce que je demande, travaillez-y de votre côté, mais rappelez-vous, ma tendre amie, que je ne puis ni ne veux m'éloigner, ni l'abandonner. Honneur, attachement, sentiment, tout me fait une loi de la servir et je n’y manquerai pas. Adieu! »

Et il reste; l'oreille Loujours tendue vers Paris, suivant avec anxiété les péripéties de la guerre, rèvant à de nouvelles tentatives, pour faire évader Marie-Antoinette de sa prison. Rien ne peut le faire manquer à cette tâche qu’il s’est imposée. Son père est gravement malade : sa sœur lui écrit qu'il faut qu'il se hâte de revenir s’il veut le voir encore vivant. Il ne reviendra pas : j

& septembre (1793).

« J'ai reçu, ma chère Sophie, votre dernière lettre de Ljung!. La situation de mon père m'affecte vivement. L'idée de le perdre me tourmente sans cesse... Je ne puis partir en ce moment. Nous ne savons rien de la malheureuse Reine et nous sommes réduits à espérer que c’est bon signe. Quelle affreuse position! Je pense sans cesse à elle. Je me reproche parfois jusqu’à l'air que je respire, quand je pense qu’elle

1. Le château de son père où la comtesse Piper était accourue à son chevet.