Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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Il aimait dévotement, respectueusement, d’un amour chevaleresque qui augmentait en intensité à mesure qu'il voyait la Reine plus malheureuse, isolée, abandonnée de tous ses amis, exposée à tous les dangers, et qu'il se jurait de la défendre au prix de son sang, de tout faire pour la sauver.

Sa sœur s'inquiète des dangers qu'il court luimême en restant à Paris. Il la rassure :

« Les gens qui n’intriguent point et qui ne sont pour rien dans les affaires, comme moi, ne courent aucun danger. »

En réponse à ce qu’elle lui mande sur l'opposition croissante de la noblesse en Suède contre le gouver“ement de Gustave II, il ajoute :

« Je voudrais pouvoir mettre sous les yeux de la noblesse suédoise le spectacle de tout ce qui arrive à celle de France et l’état déplorable de ce beau royaume, pour les rendre raisonnables. Il semble que le mal iei va tous les jours en augmentant. »

Raison de plus pour lui d'y rester et de se consacrer entièrement au service de son amie.

H écrit le 12 avril 4790 :

« J'ai recu votre lettre du 5 et je vous remercie de tout ce que vous me dites sur le compte de mon amie. Croyez, ma chère Sophie, qu’elle mérite tous les sentiments que vous pouvez avoir pour elle. Cest la créature la plus parfaite que je connaisse. Sa conduite, qui l’est aussi, lui à gagné tout le monde, et