Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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celui d’une dame russe, la baronne de Korff, sous les noms desquels ils doivent voyager. La berline de voyage, suffisamment spacieuse pour que toute la famille royale puisse y prendre place, est construite d’après ses ordres et préparée par lui-même pour cette expédition. Il y emballe des provisions et tout ce qu'il croit pouvoir être nécessaire aux voyageurs en cours de route. Les soirs, en quittant les Tuileries, il emporte en cachette des objets de toilette de la Reine, qu’il range dans les caissons. Enfin, le jour venu, c’est lui qui monte sur le siège et conduit la berline à la sortie de Paris et jusqu’à Bondy. Là, il laisse la famille royale poursuivre son chemin et se rend en toute hâte à Mons y préparer leur réception. Il doit prévenir le roi de Suède et Mercy afin que la manifestation projetée coïncide avec leur arrivée. La Reine venait justement de recevoir une lettre de son frère l'Empereur, lui annonçant que tout était convenu à cet égard.

Arrivé à Mons, Fersen expédie au baron Taube, qui accompagne le roi de Suède à Aix-la-Chapelle en qualité de chef de sa chancellerie, un courrier porteur de ce billet :

« Le Roi, la Reine, Madame et madame Élisabeth sont sortis de Paris à minuit sans aucun accident. Je les ai accompagnés jusqu’à Bondy. Je pars dans ce moment pour aller les rejoindre. »

On sait le reste. Sur la route de Montmédy Fersen