Marie-Antoinette, Fersen et Barnave : leur correspondance

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qui peut dépendre d'elles pour obtenir ces deux résultats, parce que là est le vrai moyen d'inspirer à la nation de la confiance dans leurs nouvelles promesses et de contracter avec elle une paix solide et honorable. Voilà l'objet dontle Roi et la Reine doivent être actuellement occupés. Il faut qu'ils agissent fortement auprès des princes et auprès de l'Empereur, afin que ces vues réussissent, soit par leurs efforts, soit par ceux qui pourraient être tentés d’ailleurs, et que tout l'avantage puisse leur être attribué.

» Le Roi doit donc envoyer un homme de confiance chargé de lettres du Roi et de la Reine et de Madame Élisabeth pour M. le comte d'Artois et pour M. de Mercy et pour toutes les personnes qu'ils croient pouvoir influer sur le succès de ces vues. Le succès de cette négociation est loin d’être impossible et elle sera fortement soutenue. D'ailleurs l'intérêt de tous s’y rencontre et c’est là la base de tous les contrats.

» Le plus grand intérêt de toutes les puissances est d'éviter l'exemple du premier monarque de l'Europe éloigné de son trône, de conserver, au contraire, la royauté en sauvant son existence de la plus violente secousse, d'arrêter le mouvement révolutionnaire prêt à se propager chez elles. L'intérêt des princes et des émigrants est de saisir le moment de rentrer avec honneur, pour l’avantage du Roi, pour la paix de la France, tout en sauvant leurs biens,