Mémoire sur la Bastille

76 MÉMOIRES SUR LA BASTILLE

lettres, de les supprimer, de rendre leurs bonnes intentions et celles du roi inutiles, enfin d’élever autour de moi des remparts plus impénétrables que tous les châteaux magiques dont l'imagination a jamais peuplé les romans!

Entrons maintenant dans l’intérieur de ces remparts; voyons comment s’y prennent ces cerbères qui en ont la garde pour compléter leur abominable ministère, pour achever d’y « rendre la vie dure ».

Le prélude, quand on leur amène une proie nouvelle, c’est la fouille. Leur prise de possession de la personne d’un prisonnier, leur manière de conStater la propriété infernale dans laquelle il va être compris, c’est de le dépouiller de toutes les siennes. Il est aussi surpris qu’effrayé de se trouver livré aux recherches, aux tâtonnemens de quatre hommes dont l’apparence semble démentir les fonctions, et ne les rend que plus honteuses; de quatre hommes décorés d’un uniforme qui autorise à en attendre des égards, et d’un signe d’honneur qui suppose, il faut le répéter, un service sans tache.

Ils lui enlèvent son argent, de peur qu’il ne s’en serve pour corrompre quelqu'un d’entre eux; ses bijoux, par la même considération ; ses papiers, de peur qu’il n’y trouve une ressource contre l'ennui auquel on veut le dévouer; ses ciseaux, couteaux, etc., de peur, lui dit-on, qu'il ne se