Mémoire sur la Bastille

PRÉFACE XXVIT

histoires d’escroquerie, ni plus ni moins. Ses ennemis les affirmaient, sans preuves ; nulle parole autorisée ne se portait pour lui. Peut-être chercha-t-il, en défendant par des consultations écrites des jeunes gens d’Abbeville poursuivis comme complices de La Barre, à se raccommoder avec les philosophes : le patriarche de Ferney se montra seul sensible à ces nouvelles avances. Toutefois, s’il n'avait écouté que sa prudence, il n’aurait pas heurté de front le parti parlementaire. Or, après avoir écrit, avant sa licence, sur la NÉCESSITÉ D’UNE RÉFORME DANS L'ADMINISTRATION DE LA JUSTICE ET DANS LES LOIS CIVILES DE LA FRANCE, il se rangea du côté du despotisme monarchique dans sa THÉORIE DES LOIS CIVILES , et plaida pour les jésuites condamnés dans son HISTOIRE IMPARTIALE , lacérée et brûlée par la main du bourreau, en vertu d’un arrêt du Parlement. Comment après cela aurait-il eu comme avocat l'oreille des juges? C’est là ce qui explique, bien plus que la timidité ou la defiance de ses moyens physiques, le long silence qu’il garda. Choyé par le parti jésuilique, et bien vu par plus d’un ministre, il fut appelé dans le conseil de défense du duc d’Aiguillon, analysa, interpréta dans l'intérêt de son client un énorme dossier politique qui embrassait toute l'administration d’une grande province, et sauva tout ce qui pouvait être sauvé de la réputation de l’ancien commandant de Bretagne. L'intervention directe de Louis XV dans cette affaire,