Mémoire sur la Bastille

LINGUET 13

pas d’espérer pour le présent des réparations; mais mon cœur se contenteroit de celle que le public me fait, si, en me transplantant, je pouvois compter sur du repos, et J'y compterois si j'avois votre parole pour gage.

Je vous demande pardon si, malgré mon innocence bien et peut-être trop bien prouvée, je crois devoir prendre des sûüretés; mais tel est le malheur de ma position, et j'ose croire que vous ne m’en saurez pas mauvais gré. Si je me défie du ministère, vous voyez combien j'ai de confiance dans le ministre.

Le 20 du même mois, M. le comte de Vergennes m’a répondu en ces termes :

Vous me faites part, Monsieur, etc. M. le comte de Maurepas, auquel j’en ai fait part, approuve fort cette résolution, et il m’autorise à vous mander que vous pouvez bannir toute inquiétude de ce côté-ci… Je crois, Monsieur, qu'avec celte assurance vous pouvez prendre le parti que vous jugerez le plus convenable. Je ne vous la donnerois pas, si je ne devois la regarder moi-même comme très certaine.

Le 7 avril suivant, jai demandé à M. le comte de Vergennes de nouveaux éclaircissemens; j’ai fait un nouveau sacrifice, plus pénible peut-être, et, j'ose le dire, plus noble encore que celui de mon