Mémoire sur la Bastille

14 MÉMOIRES SUR LA BASTILLE

séjour (7). M. le comte de Vergennes m’a répondu le 23:

J'ai reçu, Monsieur, votre lettre, sur laquelle je ne puis que vous confirmer ce que je vous ai marqué par ma précédente. Elle vous annonce, tant de la part de M. le comte de Maurepas que de la mienne, une sûreté entière pour votre personne dans le nouveau domicile que vous vous proposez de prendre. Je vous en renouvelle bien volontiers l'assurance, et celle de vous laisser le maître de continuer vos travaux littéraires, étant bien persuadé que le roi, la religion, ni l’État, n’y seront point attaqués.

Sur cette sauvegarde bien solennelle, comme on le voit, bien authentique, et sans conditions, j'ai quitté l'Angleterre. Je me suis fixé à Bruxelles. J’ai fait plusieurs voyages en France, en 1778, en 1779; j'ai vu les ministres; les Annales ont continué d’avoir un cours aussi libre qu’honorable ; la littérature, j'ose le dire, n’a point produit d’ouvrage où le roi, la religion, L'État, aient été plus scrupuleusement respectés.

Cependant, le 27 septembre 1780, ayant été attiré à Paris par une suite de trahisons dont j'indiquerai ailleurs quelques-unes ï, je me suis vu ar-

1. Linguet avait naturellement le caractère soupçonneux, et ce défaut s’accentua de plus en plus avec les malheurs et