Mémoire sur la Bastille

16 MÉMOIRES SUR LA BASTILLE

de Paris, avec défense d’en désemparer à peine de désobéissance.

Quoiqu'on ne daignât pas plus s’expliquer sur le motif de l'exil que sur celui de la prison ; quoique j'eusse les plus fortes raisons de croire que ce nouveau coup partoit du ministère et non pas du roi, je n’ai pas refusé de me soumettre; j'ai demandé seulement deux grâces bien simples : l’une, la permission de rester à Paris au moins jusqu’à ce’ que j’eusse recouvré les forces nécessaires pour m'en éloigner, et tiré des mains plus que suspectes qui se trouvoient, par de bien étranges manœuvres, nanties de presque tous mes fonds, ce qu’il falloit pour y vivre; l’autre, d'aller à Bruxelles passer quelques jours, pour y mettre fin à la confusion qui depuis deux ans consumoit le reste de ma fortune.

Je devois d'autant plus espérer de la condescendance sur ces deux articles, que le désordre auquel j’avois à remédier étoit émané du ministère de France directement. Il avoit fait requérir minis tériellement à Bruxelles, au nom du roi de France, par le chargé d’affaires de France (9), secondé d’un exempt de la police de Paris(1o) et d’un substitut que je nommerai ailleurs {1 1), le transport non seulement de mes papiers, mais de mon argent : et ce qu’on n’avoit pu emporter, on l’avoit dissipé. On avoit payé à mes frais les courses du sous-minis-