Mémoire sur la Bastille

LINGUET 33

tisme frauduleux, comme la Bastille en cache les résultats : non, je vous poursuivrai jusque dans cet asile que vous souillez; je ne cesserai d’y faire retentir ces mots terribles pour vous, et auxquels le monarque équitable à qui je les adresse ne sera peut-être pas insensible : « Vous l’avez trompé : ma conduite et ma plume ont toujours été pures comme mon cœur. »

Vous avez laissé dire, assurer, imprimer dans toutes les gazettes, que « j’avois tramé des projets dangereux; que j’avois composé et donné des Mémoires capables d’attirer à la France des réclamations embarrassantes, ou du moins d’en réveiller le désir ». C’est là le bruit que j’ai trouvé le plus accrédité en sortant du tombeau; c’est là l’opprobre auquel vous aviez dévoué ma cendre, si, malgré vos effort$, une main puissante ne m’en avoit pas arraché.

Peut-être l'obstacle que vous avez mis à mon retour à Bruxelles a-t-il eu pour objet de confirmer encore, d’accréditer cette imposture aussi criminelle qu’obscure. Peut-être, après avoir eu l’art de la rendre probable aux yeux que vous vouliez tromper, avez-vous eu celui d’empêcherles éclaircissemens entre les deux souverains qu’elle intéressoit, et de prévenir une explication qui m’auroit justifié.

Peut-être même, redoutant la protection dont

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