Mémoire sur la Bastille

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m’honoroit l’auguste et vertueuse princesse qui est le lien de leur union !, n’avez-vous forgé cette calomnie que pour la réduire au silence quand il s’agiroit de moi; épouse de l’un, sœur de l’autre, tant que les faits ne seroïent pas éclaircis, elle devoit craindre de paroître s'intéresser pour un homme suspect de leur avoir manqué également à tous deux ; et comment éclaircir ces faits, puisque, dans la matière délicate sur laquelle vous portiez les soupçons, il étoit si facile d’éluder les éclaircissemens |

Mais vous n'aurez pas le crédit d’étouffer la protestation que je consigne ici. Renfermé exclusivement dans mes travaux littéraires, je ne me suis permis d’autres spéculations politiques, sans exception, que celles que j'ai publiées dans les Annales ; j'ose invoquer ici, pour détruire l’imposture que vous avez ou inventée ou tolérée, le souverain auguste dont elle compromettoit le nom. Loin de me livrer à la démence folle, qui auroit voulu présager et justifier le démembrement de la France, c’est dans son sein que je n’ai cessé de me préparer une retraite(16). C’est de ses prospérités que j’ai perpétuellement fait dépendre la mienne, jusqu’au moment où vous avez payé l'attachement le plus tendre par des supplices, à peine réservés à ses plus

1, Marie-Antoinette d'Autriche, reine de France.