Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

SORTIE DE RUSSIE — RENTRÉE EN ALLEMAGNE 197

pour me rendre à Paris, et, aussitôt que mes affaires furent terminées, je partis pour Mayence où j'arrivai le 1* juillet. Le lendemain, je reçus l’ordre de me rendre à Francfort, et, sans m'y arrêter, je filai directement sur Wurzbourg où se trouvait le maréchal Augereau commandant l’armée d'observation. De suite il m’attacha à la 43° division de la Grande Armée, et m'engagea à prendre, pendant mon séjour à Wurzbourg !, le commandement de cette place, où l’autorité d’un officier général était d'autant plus nécessaire alors qu’il y passait beaucoup de troupes, et qu'elle allait être le point de réunion du corps d'observation.

Le 16 juillet, la division où j'étais employé s'étant rendue à Bamberg, je demandai et j’obtins de la suivre. Elle resta huit jours dans cette ville, et reçut l’ordre ensuite de se rendre à Bayreuth *.

Nous étions à l’époque de l'armistice, et les troupes en profitaient pour s’instruire.

Pendant notre séjour à Bayreuth, l'Empereu*, à son retour de Mayence pour se rendre à Dresde, voulut voir sur son passage les divisions du corps d'observation. Il arriva à Bayreuth, le 4‘août, à six heures du matin, et passa en revue notre division. Au milieu des grâces que Sa Majesté accordait à différents militaires, je crus devoir lui demander moi-même le titre de commandant de la Légion d'honneur. Quelle fut ma surprise lorsque, au lieu d’accueillir favorablement ma demande”, l'Empereur ne daigna même pas y jeter les yeux, et me fit le

1 On devait y achever d'équiper les soldats partis de Mayence,

? Godart commanda la brigade d'avant-garde, et s'établit, le 2 août, sur la frontière de Bohème. Bien des généraux ne rejoignaient leurs divisions qu'en marche ou déjà arrivées à la frontière.

Il avait dèjà adressé cette demande par écrit, le 26 juin, à son pasge à Paris.