Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

DRESDE. 207

étaient parvenues à l’une et à l’autre, que le bataillon placé à l’entrée de Zéhista, abandonnant sa position plus tôt qu’il ne le devait, nous amena aussitôt l'ennemi sur les bras. Il était sept heures et demie du soir, et il n'y avait point de raison pour que, si nous ne défendions pas les deux positions qui nous restaient, le combat ne continuât pendant la nuit, et pour que l’ennemi ne nous poursuivit jusque sous les murs de Dresde. Tel était le raisonnement du maréchal, qui ordonna qu’on se défendit jusqu’à la dernière extrémité.

J'avais de mon côté une batterie de quatre pièces de canon, dont un obusier, dont je fis diriger le feu sur les batteries de l'ennemi. Mes tirailleurs étaient disposés de manière à beaucoup l’inquiéter. Pendant plus d’une heure de temps, le combat fut extrêmement vif; mais, la brigade de gauche ayant été forcée d'abandonner sa position, je me trouvai à découvert de ce côté. Heureusement qu’une batterie d’artillerie légère, placée sur un plateau peu éloigné, à ma gauche, arrêta l'ennemi par son feu, et m'aida à me maintenir dans ma position, toujours combattant, jusqu'à neuf heures du soir, que l’obscurité fit enfin cesser le feu de part et d'autre’. Une heure auparavant, j'avais eu un deuxième cheval tué d’un coup de balle à la tête.

Le combat cessé, je réunis les troupes de ma brigade, et, ne croyant pas prudent de me retirer sur Pirna, où je supposais que l’ennemi pourrait facilement se rendre au moyen de la deuxième position qu’il avait emportée, je me déterminai à marcher dans les champs, et à cher-

Un courrier faisant quarante lieues avait informé déjà l'Empereur de ce combat. La cavalerie Lhéritier, détachée du 42 corps, avait protégé le mouvement de retraite, mais peut-être trop peu énergiquement .