Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

208 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

cher à tout hasard le moyen de rejoindre la grande route au-dessous de Pirna!. La nuit était très obscure ; les troupes, qui étaient continuellement sur pied depuis cinq heures du matin, étaient exténuées de fatigue : cependant il ne fallait point encore s'arrêter. Je parvins à trouver un sentier couvert, tellement étroit, qu’on ne pouvait y passer qu'homme par homme. En deux heures de temps, tout mon monde l’eut passé. Je fis reposer un quart d’heure pour envoyer à la découverte; et bientôt je sus que nous étions très près de la grande route, et que les autres troupes de la division y filaient pour se retirer sur Dresde, quatre lieues plus loin.

Nous rejoignimes donc la division, à environ un grand quart de lieue de Pirna, et nous continuâmes de marcher au milieu de l'encombrement des troupes et des voitures, jusqu’à deux à trois heures du matin que nous arrivaämes sous les murs de Dresde, où le soldat passa le restant de la nuit dans les champs, sans paille et à la pluie.

J'eus, dans la journée du 22, à peu près 600 hommes tués et blessés, dont un major blessé grièvement, deux chefs de bataillon tués, un chef de bataillon blessé, plusieurs officiers tués, et une vingtainede blessés; le général de division Claparède, ainsi que moi, blessé au bras. Le général Butrand, commandant la 2° brigade, eut son cheval tué; un de ses aides de camp fut blessé mortellement. Le 23 août, sur les neuf heures du matin, les quatre divisions du corps d'armée, retirées devant Dresde, eurent l’ordre de prendre leurs positions. La 43°, dont

* On voit que Gouvion Saint-Cyr, en échelonnant ses troupes en retraite sur Dresde, avait laissé Godart en arrière-garde pour contenir l'ennemi,