Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

210 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

et palissader les murs de Dresde, Quoique la pluie ne cessât point de tomber, nos soldats n’en couchaient pas moins sur la terre, et la plupart sans abri. Pour communiquer de jardin en jardin intérieurement, il fallait abattre ou percer des murs; des banqueites furent partout établies, et quelques redoutes seulement étaient en avant des murs de Dresde pour soutenir le feu de la mousqueterie.

Dans la nuit du 25 au 26, on sut, par les manœuvres de l'ennemi et par les rapports de quelques déserteurs, que nous devions être attaqués, le lendemain, par une armée de 120,000 hommes commandée par les empereurs de Russie et d'Autriche en personne, ainsi que par le roi de Prusse. Nous n'avions alors à lui opposer que notre seul corps d’armée composé en grande partie de jeunes soldats‘: on nous donnait l'espoir que l’empereur devait arriver d’un instant à l’autre, avec sa garde, à . notre secours.

Telle était, le 26 au matin, notre perspective. Indépendamment du commandement de la division qui m'avait été confié la veille?, je fus chargé spéCialement de commander les troupes placées dans le jardin du prince Antoine, frère du roi de Saxe, situé entre la grande route de Pirna et celle de Dohna.

En face du jardin du prince, où je me trouvais le 26, existe un grand jardin de plaisance appelé GrossenGarten appartenant au roi de Saxe. Ce grand jardin, couvert d'arbres et formant plusieurs avenues, était

! Gouvion Saint-Cyr écrit le soir à l'Empereur qu'il ne pourra résister avec une armée d'enfants.

* A cause de la blessure de Claparède,