Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

DANS LE MIDI EN 1815 227

voyageurs. Mes cinq compagnons de voyage présentèrent les leurs, et, sur la demande si c'était tout, ils répondirent affirmativement. Par cette petite ruse j’entrai en ville sans être inquiété !. Je me rendis chez un de mes amis, négociant, qui fut surpris de ma présence dans un pareil moment. Je le rassurai sur les craintes qu'il avait de me recevoir chez lui, et le priai de m'accompagner dans la matinée chez le commissaire de police du quartier, chez le général commandant la division, et à la municipalité. Ayant représenté à toutes les autorités que j'avais ma femme et mes enfants avec mes aides de camp à Albi, et qu’ils étaient à régler mes affaires dans cette ville, je leur demandai l’autorisation de rester à Bordeaux jusqu’à l’arrivée de mon-épouse, ce qu'ils m’accordèrent de suite. Aussitôt l’arrivée de ma famille et de mes aides de camp, je fis mes dispositions pour me rendre à Saint-Servan, ma résidence, et je partis pour cette ville. l

Peu de temps après que j'y fus arrivé, le gouvernement me mit à la retraite?.

* À peu près au même moment, dans la diligence de Riom à Paris, La Bédoyère était reconnu (2 août), et il était arrêté en entrant dans la capitale. Les frères Fauchet venaient d’être amenés par les volontaires bordelais dans la prison de Bordeaux (1° août). Le maréchal Brune était assassiné à Avignon (2 août). Puis c'était l'arrestation de Ney (à août), les violences de Beaucaire et de Nîmes, faisant implorer les troupes autrichiennes, enfin l'assassinat du général Ramel que son passé et son caractère désignaient si peu aux vengeances des royalistes (15-17 août).

* Ses états de services portent : « Cesse ses fonctions 22 août: relraité par ordonnance du 6 octobre 1815. — Motifs : ancienneté, Cinquante-cinquième année d'âge; trente ans cinq mois dix-neuf jours de services comptés jusqu'au 1° septembre 1815. — Chiffre, 4,000 fr. (le maximum), payables à partir du 1* janvier 1816. »

La lettre par laquelle il remet son commandement à son successeur, le général Pélissier, est datée d'Albi 22 août. Il y a là une fiction, car il ne retourna pas à Albi.

Dans l'intervalle de cette date au 1° janvier 1816, il fut considéré