Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

226 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

goulème) l’autorisation de me retirer dans mes foyers, et également une lettre du commissaire général de la police qui me donnait la même autorisation. Je fis de suite mes préparatifs de voyage, et fis faire une procuration pour ma femme qui était à Albi, avec tous les papiers nécessaires, afin de vendre ma maison pour se rendre ensuite à Bordeaux. J'expédiai de suite mon aide de camp pour Albi, afin de remettre à mon épouse les pièces précitées ci-dessus. Il ne fut pas peu surpris d'apprendre, à son arrivée en cette ville, que j'étais menacé d’arrestation par le préfet’ pour l'affaire de Réalmont, si ma femme se refusait à payer les mille écus dela contribution que j'avais imposée à cette ville, laquelle somme avait été partagée entre les troupes et les pauvres du pays. Pour sa sûreté et la mienne, elle fut donc forcée de compter cette somme ?. La maison, qui m'avait coûté 25,000 francs, fut vendue 12,000 à peu près. Pendant ce temps je me dirigeai sur Bordeaux. A mon arrivée dans cette ville tout était, à peu près comme à Toulouse, dans la plus complète anarchie. A l’entrée de la ville, les gardes nationaux arrêtèrent la

x

diligence, en demandant les passeports à tous les

aussi l'ordonnance du 21 contre les commandants militaires qui auraient comprimé ou comprimeraient l'élan des sujets fidèles du roi.

! Une ordonnance du 12 juillet nomma préfet du Tarn Decaze, sous-préfet de Castres.

2 Un jour, la maison du général avait été envahie par une troupe d'hommes et de femmes. M"° Godart était malade. Quand, furieux de ne pas trouver le général, ils se présentèrent devant sa chambre à coucher, sa fille, âgée de douze ans, se présenta pleine d'animation et aux vociférations et aux menaces, répondit : « Vous n'enirerez pas ! » en levant les bras pour interdire la porte. Un d'eux plus emporté la frappa d’un coup de couteau sous le bras. À la vue du sang qui coulait la colère tomba, elle se tourna contre l'homme qui avait blessé une enfant défendant sa mère ; et les envahisseurs se retirèrent, La cicatrice de la blessure resta toujours.