Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

LETTRES, PIÈCES OFFICIELLES, NOTES 267

escorté par quelques bataillons, et que nous nous trouverons enfin avec un peu de troupes,

Ent tee plus de 1,200 voitures ont déjà passé le Rhin, sans compter celles qui suivent journellement. ..

« BACHER. »

Le 20 vendémiaire, le mieux informé et le plus impartial des hommes, Eblé, écrivait du quartier général de Stuhlingen :

« Eblé, général de division commandant l'artillerie de Rhin et Moselle, au général en chef Moreau.

{ Dans une lettre d’avant-hier, général, je t'ai rendu compte que je croyais qu'il n’y aurait pas le quart de nos munitions qui échapperaient à l'avarie. Aujourd’hui je ne puis te dissimuler que ce qui arrivera en bon état ici ne peut être compté : tout sera réduit en bouillie, et nous aurons encore infiniment de peine à sauver le plomb et les fers coulés.,.

« Le manque de subsistances, joint au mauvais temps, fait déserter les paysans, et je n’ai aucun charretier pour faire conduire les chevaux abandonnés : ils sont un objet de spéculation de plus pour les pillards, et tout le monde pille. Tous les villages sont déserts.....

« Après avoir mendié partout des escortes, je me vois forcé de te rendre compte que l'indiscipline des troupes qui les composent est telle qu'ils quittent leurs postes pour aller piller. Le manque de pain est leur prétexte...

« EBré. »

Le 21, on arriva à Waldshutt, d'où Eblé écrivit encore à Moreau :

« Le désordre et l’indiscipline sont à leur comble; les escortes des convois ne se contentent plus de les abandonner. Ils se réunissent avec d'autres volontaires, détellent les chevaux des voitures, et les vendent : chevaux marqués ou non, tout leur convient. .... »

Tharreau continuant de tenir Wolf en respect, entre le Val d'Enfer et les Villes Forestières, livra quelques escarmouches, les 21, 22 1et 23: