Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

292 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

la pluie le forcèrent de s'arrêter dans un cabaret à SaintEtienne. Un homme parait sur le seuil, demande à boire, mais se retire précipitamment. C'était un frère de Bobon. Chitry s'élance, ils se mettent en joue, se manquent, se prennent au corps; un conscrit tue le chouan.

Bobon arrête deux jeunes filles en promenade, et se fait payer leur rancon. De quatre personnes tuées par lui, une fut entrainée sur le territoire de Loroux, afin que son sang teignit le sol de cette commune patriote.

Enfin il fut atteint et tué par la garde nationale d'Ernée (47 prairial, 4 juin).

A ce moment les Anglais étaient débarqués à Quiberon (13 prairial). Deux compagnies du ?° bataillon de la 79 partirent de Port-Malo, le 19 au matin, pour coucher à Plancoët, et continuer sur Saint-Brieuc; le reste du bataillon allait les suivre, en vue d’un mouvement de concentration sur Loudéac. Le 3e bataillon qui, de Questembert, était passé à PortLiberté (Port-Louis) en ventôse (mars), et de là à Brest où il entra le 44 floréal (3 mai), en partit le 3 messidor (22 juillet) pour séjourner dans les districts de Châteaulin et Carhaïx, puis à Morlaix. Le 2 revint de Loudéac à Dinan.

Ces marches dégarnissaient les places qui se trouvaient confiées aux gardes nationales. Ainsi l'effectif de la 79° étant de 2,241 hommes en messidor; le 1% bataillon étant appelé à Rennes à la fin du mois, le 2° revenu à Port-Malo se réduisit un moment à deux compagnies. Il fallait pourtant mettre deux détachements à l’anse du Verger et à l’anse Duguesclin. Aussi la troupe ne servait en ville que les postes de la tour Solidor à’ Saint-Servan, de la poudrière et de la porte Saint-Vincent à Port-Malo. La garde nationale était chargée des autres postes, et même de ces trois-là quand une expédition le rendait nécessaire. | |

Par exemple, le 5 thermidor au soir (22 juillet), les deux compagnies commandées par Ledart, capitaine de la 3°, se dirigèrent sur cinq points. Un lieutenant, avec six hommes, arrive, à près de onze heures, chez le maire de Mont-Dol. Il était absent. Erreur ou perfidie, les habitants accourent, armés de fusils, fourches, faux, comme contre une attaque de brigands. Les soldats, dis-