Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

LETTRES, PIÈCES OFFICIELLES, NOTES 329

Marmont obtint la destitution du pacha de Trébigne que remplaca Suleiman. Celui-ci, attaqué par des beys insurgés à la tête deMorlaques et de Bocchais, demanda du secours à Lauriston.

Le général Launay envoyé avec un des deux bataillons du 799 placés à Raguse, un bataillon du 23° et deux canons, mit, par sa présence, en fuite Morlaques et Bocchais (21 avril). Suleiman lui proposa de marcher contre les rebelles de Zubié qu'excitait l'évêque des Monténégrins ; mais Launay se retira (22 avril).

Les Russes tentaient des débarquements et fomentaient des soulèvements sur divers points (avril-juin).

Par terre, 400 Russes soutenant 3,000 Monténégrins, Bocchais, Morlaques de Grahovo contre Suleiman, veulent s'emparer de Klobouk (que Godart mentionne sans la nommer).

Suleiman qui a à Trébigne 2,000 à 3,000 Tures, réclame encore les secours des Français. Launay y est envoyé avec les mêmes troupes qu’au mois d'avril, montant à 1,000 hommes, dit Marmont (chiffre trop faible).

Le général Launay partit de Raguse, le 40 juin; attendit sur la Trebinischitza les renforts de Mostar et d'Outtovo qui étaient campés à Trébigne. Après la jonction, il laisse à son eamp 400 hommes de sa troupe et 800 Turcs, et, avec 1,000 hommes et 1,500 Turcs de Mostar, marche la nuit sur Klobouk.

A leur vue les Monténégrins fuient. 150 Turcs s’élancent après eux. Les Russes sont arrêtés par le souci de sauver leur canon. Launay veut les couper par les voltigeurs du 23° et du 79. Mais les Turcs revenant de la poursuite les devancent et tombent sur les Russes. C'est le combat de Nexchini.

Marmont semble dire qu'aucun Russe n’échappa; un autre rapport dit que 150 Russes furent prisonniers. Le rapport du général Vignolles donne 142 comme chiffre de leur perte totale.

Le général Launay et ses officiers payèrent un louis par tête qu’ils sauvèrent au nombre de soixante et une. Quatre-vingt-une furent portées en trophée dans la ville de Klobouk et au pacha de Bosnie.

Les Russes aussi, en 1799, à Corfou, avaient racheté la vie de prisonniers français. Dans cette dernière yuerre, ils n’eurent pas la même humanité. Le 17 juin le général Delegorgue, le 1% octobre le capitaine Gay furent décapités par leurs alliés.