Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)

344 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART

Le général Godart semble se souvenir d’expressions mêmes de Masséna. Écrivant à Reynier, le 7 août, celui-ci disait :

« On a peu vu d’armées françaises où l’on puisse citer autant de désordre que dans celle du Portugal : le viol, le pillage et l'assassinat semblent être à l’ordre du jour... il serait impossible de faire un appel aux Portugais... nous ne devons nous attendre au contraire qu'à trouver le peuple armé, et renouveler à chaque paslesactesd’insurrection qu’on a vus en Espagne» (17 août).

Il écrivait à Berthier que ses ordres du jour étaient inutiles. CR he Le désordre allait toujours en augmentant, et l’on ne peut se faire une juste idée de l’esprit de rapine qui régnait dans l'armée, particulièrement dans le VIS corps. »

Trois jours après, il est vrai, il en disait presque autant des Anglais.

Dans le même temps l’impartial et probe Eblé écrivait : « Le patron est bien pardonnable d’avoir de l'humeur : il faudrait n'avoir pas de sang dons les veines pour voir d’un œil tranquille ce qui se passe. »

Masséna disait ailleurs : « Tous les jours le soldat viole et pille. Il est même quelques officiers qui... sont assez peu délicats pour donner l'exemple » (17 octobre). Ces excès étaient à leur comble depuis Almeïda.

Enfin, plus tard un rapport destiné à l'Empereur, à propos de la rentrée des cadres du II° corps en France, porte : « Cette colonne est de 1,500 hommes... rien n'est hideux comme la conduite de ceux qui la composent. C’est au point que les généraux de cette armée qui rentrent en France n'osent pas, pour leur sûreté, voyager avec cette colonne. Cent officiers, dont six officiers supérieurs, sont témoins de ces’ désordres, et ne font rien pour y remédier. grand nombre d'officiers rentrant en France sans aucune autorisation marchent avec cette cohue. »

Il est vrai que cette pièce n’est qu’un brouillon anonyme.

1810 (A 10, p. 149.)

Marche de l’armée de Portugal (en particulier du VILE corps) sur Lisbonne (septembre-octobre).

Masséna, après Pinhel, se jette à droite vers Vizeu et la Serra d’Alcoba. Il trouve tout le pays abandonné.