Mémoires du général Baron Roch Godart (1792-1815)
362 MÉMOIRES DU GÉNÉRAL GODART
arrivât aujourd'hui de bonne heure à Albi. Je comptais sur le complet de cette compagnie, quand, à mon grand étonnement, elle n'est arrivée ici qu'avec une vingtaine d'hommes à peu près, Depuis hier soir, il en est déserté près des trois quarts. » (Le général attribue ce mécompte à l'indifférence des muires, et prie le préfet d'agir auprès d'eux.) « Goparr. »
Là-dessus le préfet, obstiné à espérer et à agir, avait adressé au général Decaen, commandant le corps d'armée du Midi, un rapport où il disait .
« Il n’y a pas eu de révolte ouverte dans le Tarn, mais tout autour (Lozère, Hérault..….).
« Ce n’est que par l'emploi des mesures les plus énergiques que le Tarn peut être maintenu dans l’ordre, et on y parviendrait si le général qui commande ici était un homme ferme, actif, intelligent et dévoué. Mais le général Godart n’est rien de tout cela. Il n’a ni fermeté ni intelligence ; il n’inspire aucune confiance aux hommes dévoués à la patrie qui remarquent avec inquiétude les relations qu'il vient de reprendre avec des hommes connus pour leur dévouement exclusif aux Bourbons.
« M. le général Gilly qui le connaît me l’avait signalé comme un homme sur lequel l’on ne pouvait compter sous aucun rapport... Le seul moyen de conserver le département du Tarn est d’y envoyer un nouveau commandant.
« Mon collègue du département de l'Aveyron prend des mesures pour étouffer la rébellion de l'arrondissement de SaintAffrique; je tâche de le seconder en faisant partir quelques forces de ce côté.
« En remplaçant le général Godart, il ne pourrait être que très avantageux que vous l’appelassiez à Toulouse. »
Decaen expédia un ordre conforme.
Godart, en arrivant à Toulouse, apprit, non pas le désastre de Waterloo, mais l’entrée des Alliés à Paris, les succès des royalistes en Provence, la rentrée du duc d'Angoulême en Roussillon, l'ordonnance du 5 juillet qui rappelait le maréchal Pérignon à la tête de la 109 division militaire. Puis les manifestations de plus en plus nombreuses se rapprochèrent de Toulouse. Le 13, le conseil général du Lot se réunissait et proclamait Louis XVII;