Mémoires politiques et militaires du général Doppet, contenant des notices intéreffantes and impartiales sur la révolution française, etc.
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+. 164. L'événement de Campredon eft une de ces circonftances bizarres qui retombent le plus fouvent fur les hommes qui n’ont point de tort: comme cet événement a fervi de prétexte our me perfécuter & pour m’enlever mon état, je dois clairement démontrer que, s'il y eut des imprudens, des faibles dans ce fait, ce fut rout autre homme que moi; & je vais me juftifier par des preuves inconteftables.
Il faut d’abord remarquer qu'ayant eu deux fois l'honneur de prendre Campredon, je ne pouvais avoir aucune raifon de lincendier & de labandonner ; il était au contraire de ma gloire de m'y maintenir, & de garder au moins ce fouvenir de notre entrée en Catalogne. Par tous les plans de campagne que j'ai cités, on a vu que mon deffein était de conferver ce pofte important pour fermer tout paflige à l'ennemi entre ma divifion & celle du général Augereau. Il réfulte donc moralement de tout cela, que je ne pouvais pas avoir l’intention de brüler Campredon; mais il y a plus, il va réfulter phyfquement que je ne lai pas fait.
Avant de difcuter les caufes de l'incendie, je dois dire que je dus évacuer Campredon à caufe de cet incendie. Je ne m'en tins pas fur mon opinion feulement pour me replier fur Prats de Mollo; car je tins hors de la ville un confeil de guerre, où la néceflité de la prompte évacuation fut arrêtée, & où la retraite fut démontrée indifpenfable. Le procès-verbal de ce confeil de guerre fut figné par les citoyens Caffarelli adjutant- général, Chrétien général chef de état-
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