Mémoires sur la Révolution française

MA TERREUR PENDANT LA VISITE DOMICILIAIRE 95

horreurs. Ils vinrent droit à mon lit et me dirent de me lever. L'un d'eux pourtant, moins grossier que les autres, dit qu'il n’y avait pas lieu de me faire sortir du lit, puisque je ne pouvais pas m'habiller devant tant d'hommes : ils étaient plus de quarante. Je lai répondis aussitôt que je me lèverais avec plaisir, s'ils le désiraient, mais que j'avais passé une bien triste nuit et que j'étais très-fatiguée. « Je vous avais attendus de meilleure heure, leur dis-je, et j'avais espéré passer le reste de la nuit en repos. » Je leur avoual que j'avais été fort effrayée d'une pareille visite à la fin de la nuit, mais que, reconnaissant maintenant combien ils étaient bons, obligeants et discrets, mes alarmes s'étaient tout à fait dissipées; que je me léverais s'ils le voulaient et que je les mènerais moi-même dans toute la maison. J’ajoulai qu'ils étaient sûrement très-fatigués et je leur proposai du vin, des liqueurs et un pâté froid.

Quelques-uns des chefs furent enchantés de moi,