Mémoires sur la Révolution française

PORTRAIT DE MARIE-ANTOINETTE 35 elle n'avait que trois ans. La reine l'avait alors envoyé chercher par le duc de Liancourt, et l'avait gardée sur ses genoux pendant tout le temps du diner de Leurs Majestés. Depuis ce moment je me sentis infiniment reconnaissante envers la reine de sa bonté pour mon enfant. Elle m'a toujours paru la princesse la plus aimable et la meilleure qu'on ait vue; elle a ëté indignement calomniée par la nation française. J'ai connu intimement des personnes qui l’approchaient sans cesse et pour lesquelles elle n’avait rien de caché, et elles m'ont assuré que Sa Majesté élait la bonté même et de toutes les maîtresses la plus gracieuse et la plus affectionnée. Elle le fut trop en effet pour beaucoup de gens qui ne le méritaient pas. Le malheur de la reine fut d’avoir été amenée trop jeune à la cour de Louis XV, où elle fut exposée à vivre au milieu d'une société légère et peu convenable; elle y prit le goût des modes et des amuse-

ments publics, dont elle n'aurait pas pu jouir si elle